(Recherche éditeur pour publier ce projet quand la série aura abouti)
Les animaux de compagnie sont présents dans de nombreux foyers français. D’après la dernière enquête FACCO/TNS SOFRES de 20181, près d’un foyer sur deux possède au moins un animal de compagnie et 43% au moins un chat ou un un chien. Ce phénomène dépasse les classes sociales et les âges, du Président de la République au sans-abri au coin de la rue.
Cette pratique ancestrale a évolué depuis plusieurs années pour intégrer des espèces plus atypiques et exotiques qui jusque-là ne rentraient pas dans la liste de ces compagnons domestiqués. Les animaux à poils côtoient désormais ceux à plumes, à écailles ou à cuticules. Les vétérinaires rencontrent ainsi de plus en plus d'animaux rassemblés dans le groupe des Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) lors de leurs consultations (rats, hamsters, serpents, geckos, perruches, tortues, chinchillas, etc.).
1 Consulté le 12 août 2020 : https://www.facco.fr/les-chiffres/
Face à ces évolutions, le marché des animaux de compagnie s’est étendu et diversifié. Sont ainsi apparues de nouvelles offres : toilettage, service de garde, alimentation spécialisée pour chaque espèce, assurances, pompes funèbres, aides comportementales et psychologiques, etc.
Plonger dans le monde des animaux de compagnie c’est découvrir une multitude d’univers. Chaque espèce a ses groupes de passionnés et de curieux qui partagent leur amour pour leur(s) protégé(s) et échangent des conseils. Certains ont créé un compte sur les réseaux sociaux comme Instagram, Facebook ou encore un blog honorant leur animal. Certains, possédant des animaux racés, participent à des concours et des salons valorisant des critères esthétiques spécifiques et une sélection génétique maitrisée. D’autres sont engagés dans la protection animale et prennent part à ce qu’on appelle dans le milieu des sauvetages. La plupart partagent simplement leur vie avec leur animal et veillent, avec plus ou moins de facilité, à leur bien-être, certaines espèces étant particulièrement fragiles et requérant des soins particuliers.
Comment se passe la cohabitation entre l’homme et son animal de compagnie ? Celle-ci change-t-elle leur rapport avec les animaux? Quelle place occupe ce dernier au sein du foyer ? Quelles contraintes et quels intérêts tirent le maître et l’animal de cette relation ? Pourquoi avoir privilégié tel espèce plutôt qu’une autre ?
Cette série photographique propose de dévoiler le monde foisonnant des animaux de compagnie en documentant la place qu’occupent ces derniers dans les foyers français. L’objectif est de donner à voir la grande variété des espèces présentes (chiens, chats, lapins, furets, poissons d’ornement, oiseaux, serpents, phasmes, cochons, tortues, lézards, etc.), de questionner les relations entre les maîtres et leurs animaux et de sensibiliser sur les besoins des différentes espèces. Ce travail à caractère documentaire tente ainsi de décrypter cette passion française.
Elisabeth et son West Hightland White Terrier (ou Westie), Fillyp (février 2018)
Elisabeth a adopté son chien, un West Hightland White Terrier, après le décès de son Cocker nommé Hippy. Elle a nommé son Westie Fillyp, en référence au nom d’Hippy, dont c’est quasiment l’anagramme.
« Après la mort d’Hippy, j’ai acheté un magazine sur les races de chiens et je suis tombée sous le charme des Westies. J’aime leur morphologie. Je trouve qu’ils ont du caractère. Un caniche, par exemple, ça ne me plaît pas. C’est trop… Fillyp, j’adore son regard […]. C’est un vrai Westie. Mais comme il avait un testicule remonté, il a fallu l’opérer, ce qui le retire officiellement du LOF. »
Elisabeth a récupéré Fillyp lorsqu’il était âgé de deux mois, soit après la période recommandée de sevrage. Elle vivait avec des chats depuis plusieurs années. Mais il lui arrivait souvent de ne parler ni de voir personne pendant plusieurs jours. C’est le cas encore aujourd’hui, mais l’adoption d’un chien, l’obligation de le sortir plusieurs fois par jour, a aidé à atténuer son isolement social et prévenu la dépression qui la guettait. Les chiens jouent en effet un rôle connu de facilitateur social, les personnes abordant beaucoup plus souvent et facilement les promeneurs accompagnés d’animaux.
« Tous les gens que je connais aujourd’hui, je les ai rencontrés grâce à mon chien et aux chiens (d’autres propriétaires) que je promène. Par contre, j’évite les endroits où les gens laissent leurs chiens détachés. J’ai peur des accidents. Une de mes amies a perdu son Yorkshire comme ça. Un Berger allemand que ses maitres ne tenait pas en laisse l’a attaqué. »
Fillyp étant très possessif et pouvant avoir des réactions agressives avec sa petite fille, Élisabeth ne voit cette dernière qu’en dehors de chez elle et sans le chien. Elle espère qu’à termes, les relations s’améliorent. Il a aussi du mal à cohabiter avec l’un des deux chats d’Élisabeth.
« Depuis que j’ai Fillyp, Bernard (son chat) reste toute la journée dans la chambre. La nuit, ils échangent leur place et Bernard vient se caler dans le petit salon tandis que Fillyp me rejoins au lit. »
Juliette et son de Terre-Neuve Odin (mars 2018)
Odin est un Terre-Neuve âgé de deux ans. Juliette l’a adoptée chez un éleveur lorsqu’il avait six mois. Ses parents avaient déjà un chien de cette race et c’est assez naturellement qu’elle a cherché un chien similaire quand elle a voulu adopter un animal.
« Une maison sans animaux c’est une maison sans âme ».
Juliette souhaite, dès que possible, s’installer en zone rurale, mais pour le moment, elle vit en ville, dans un appartement. Avec sa corpulence massive, cette vie citadine a rapidement trouvé ses limites pour Odin. Juliette a donc trouvé un accord avec sa tante, qui réside dans la campagne vendéenne, pour que celle-ci accueille ce dernier. Odin peut ainsi profiter de promenades quotidiennes dans les champs et les bocages alentours, se rafraichir dans les ruisseaux, dormir à la belle étoile.
« Odin a très vite chaud et préfère vivre dehors. Il n’aime pas rentrer dans la maison, sauf l’été, car il y fait plus frais. »
Juliette lui rend visite tous les week-ends. Odin joue ainsi, indirectement, un rôle de lien social et familial. Sa tante est très heureuse d’avoir ce compagnon canin et de retrouver sa nièce les fins de semaine.
« Il est encore pataud. Il n’a pas encore bien conscience de sa force et de son corps. »